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Page:Jammes - Pensée des jardins, 1906, 2e éd.djvu/126

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tandis qu’elles tenaient ce livre !… À l’aube de son destin, cette adolescente n’entr’ouvrait ces pages qu’avec le secret espoir que l’amertume n’est point répartie entre tous et que, peut-être, la destinée l’épargnerait. Ce n’était donc qu’avec une piété charmante qu’au réveil elle étendait vers l’Imitation son bras déjà robuste. Plus tard, dans le milieu de l’existence, elle reprit le livre. Les pommiers chargés de fruits n’étaient plus gais comme autrefois… Une joie les avait quittés, je ne sais laquelle. Et puis jamais elle n’avait revu sur la pelouse ce papillon si coloré qui s’était éployé devant elle dans la torride splendeur d’un jour de grandes vacances…

Et l’âge s’avançait. Et voici qu’au déclin de la Destinée elle n’interrompit guère plus sa lecture. Il neigeait au dehors. Il était sept heures du soir. La glace, éclairée par la