Page:Jammes - Pensée des jardins, 1906, 2e éd.djvu/20

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encore cette vérité : que je suis bien réellement transporté sur ce grain de pollen, et que le mystère que je lui prête n’est que le mien. Le petit moine de carton que j’ai donné à ma nièce a coiffé son capuchon, sa canne indicatrice marque la grande pluie, je sens rouler sous moi des eaux et la terre se gonfler sous elles comme fait à l’humidité cette cellule végétale où s’établissent des flux et des reflux.

Oui, je foule une des cellules du tissu de cet univers dont les lacunes sont l’espace, et, au moment que je suis dans cette terrible contemplation, deux jeunes gens ouvrent ma porte et viennent m’entretenir, l’un de son mariage et l’autre de ses vers. Je me montre aimable pour eux, n’interromps point ma pipe. Je pense comme Rabelais « qu’il faut à un chacun faire droit sans oublier ni excepter personne », et qu’eux aussi