Page:Jammes - Un jour, 1895.djvu/75

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Quand je serai mort, si quelqu’un trouve ces vers :
qu’il aille près des quais d’une ville et te cherche ;
qu’il t’explique ce que l’on appelle un poète
et que là-bas des oiseaux d’or sont sur la mer
où nous avons vécu, amie, avant de naître.

Tu ne comprendras pas ces explications.
Tu seras ramollie et prendras du tilleul
en petit bonnet vieillot et, dans mon cercueil,
je tremblerai d’avoir eu pour toi la passion
du poète à qui ne reste plus que l’orgueil.

J’ai voulu, par orgueil, dédier quelques vers
à une personne comme toi, douce, tendre,
absolument incapable de les comprendre.
Près du vieux feu il y a le bruit de la mer.
Tu es douce comme la Fête-Dieu qui chante.


1895.