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ŒUVRES POÉTIQUES



LXII

D’vn homicide.



Si ie porte en mon cœur vne playe incurable,
Vos yeux ont fait le coup, et vostre belle main
Enfonce plus auant tousiours dedans mon sein
Le trait de vos beautez qui m’est si redoutable :

Vous estes la meurdriere, hélas, inexorable !
Si tost que ie vous voy le cœur me bat soudain :
Tout mon sang se r’amasse en tel endroit mal sain,
Et bouillant veut iaillir encontre le coupable.

Bien que mort et muet ie ne m’aille plaignant,
Ie vous puis accuser par l’vlcere saignant
Qui lorsqu’en approchez decele vostre offense.

Ainsi quand le meurdrier vient approcher d’un corps
Que son fer a tue, le sang iaillit dehors,
Et les esprits esmeus demandent la vengeance.