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Page:Jan - Dans la bruyère, 1891.djvu/121

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FILLE DES CHAMPS

Bruits des herbes, des bois, de la Nature en deuil ;
Un étrange sanglot emplit l’espace vide ;
Et le ciel noir parut sur la terre livide,
Comme une dalle énorme au-dessus d’un cercueil.

Au sommet du coteau, baigné par les ténèbres,
Un hêtre se berçait dans les souffles funèbres,
Ainsi qu’aux calmes soirs des tranquilles étés.
Comme pour protéger il étendait ses branches ;
Et parfois on voyait flotter des formes blanches
Dans la vague épaisseur des rameaux argentés.

Pourquoi frémissais-tu, vieille terre des Gaules ?
Un souffle d’ouragan tordait sur tes épaules
Tes bois échevelés et ton manteau de fleurs ;
Ton âme en peine errait dans les sombres ramures…
Et brusquement le vent méla tous les murmures
Dans une immense voix qui clamait tes douleurs.