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Page:Jan - Dans la bruyère, 1891.djvu/133

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L’ASCÈTE


Et voici que je sens trembler ma volonté.
Si vous ne mettez pas un ange à mon côté,
Je m’en vais retourner à la fange natale,
Et souiller à jamais ta candeur idéale
Que j’avais reconquise, ô sainte Pureté ! »

En de vagues lointains s’enfonçaient les allées.
Perçant les rameaux noirs de milliers de points d’or
Et courbant dans la nuit leurs voûtes étoilées,
Les cieux tristes ouvraient aux âmes désolées
La solitude bleue où le rêve s’endort.

La nuit se recueillait avec mélancolie ;
Une étrange langueur flottait dans l’air béant.
Et les bois et les monts, tout semblait dire : Oublie
Les songes éternels et leur vaine folie,
Pour absorber ton cœur dans la paix du néant.

Mais l’ascète priait, à genoux sur la pierre :
« La Nature nous trompe et les plaisirs sont courts.