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Page:Jan - Dans la bruyère, 1891.djvu/140

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DANS LA BRUYÈRE


Dans l’enchevêtrement mystérieux des plantes
Pierrot se glisse en vain, — et, trompant son désir,
Au triomphal instant qu’il va pour les saisir,
Tombent plus loin encor les étoiles filantes.

Au milieu d’un grand bois dorment de tristes eaux
Que d’un rideau mouvant recouvrent des fleurs päles ;
La nuit y fait flotter ses mourantes opales,
Et pose un reflet-vague aux pointes des roseaux.

Mais voilà qu’une étoile en la glauque nymphée
S’abîme : un cercle d’or court sur la profondeur ;
Et l’on voit scintiller la lointaine splendeur,
Sous l’épaisseur des eaux lentement étouffée.

Pierrot la suit, les yeux levés, les bras ouverts.
I] lui faut ce trésor pour la femme qu’il aime !
Il roule dans l’herbage ; il appelle : et l’eau blème
Sur le rêveur trahi ferme ses glaïeuls verts.