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DANS LA BRUYÈRE


Mais le pâle soleil lent et grave descend
Vers le couchant de pourpre où le regard se borne ;
Et l’astre disparaît à l’horizon, laissant,
Afin de prolonger l’heure de l’adieu morne,
Un reflet de sa gloire au ciel incandescent.

Et voici que, là-haut, s’épaississent les voiles
De l’ombre bleue où tout s’enveloppe et s’endort ;
Au firmament déjà la lune tend ses toiles,
Où viennent s’accrocher, comme des mouches d’or,
Le lumineux essaim des tremblantes étoiles.

Soudain, la nuit plus noire a croulé comme un poids
Lourdement sur le cœur inquiet du poète.
Il se dresse, sentant, par tous ses membres froids,
S’enrouler le frisson de cette horreur muette
Où ses yeux ont perçu d’invisibles effrois.

Et puis, voici le jour. Des lumières très douces
Se forment et bientôt se détachent dans l’air