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Page:Jan - Dans la bruyère, 1891.djvu/59

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SUR LA COTE BRETONNE


Essayant d’assembler ses espoirs éphémères,
Il marchait à pas lents à travers les menhirs :
Mais la voix qui montait des lointains souvenirs
Lui parlait du néant des célestes chimères.

Il demandait aux cieux la foi des jours nouveaux :
Sur la lande et la mer l’ombre tendait ses toiles
Où s’allumaient, au loin, d’impassibles étoiles,
Comme des lampes d’or dans la nuit des caveaux.


Et maintenant, hélas ! toujours l’Océan roule
Ses flots mystérieux vers les mêmes rochers ;
Et, parmi la bruyère et les menhirs penchés,
Ruine d’un autre âge, une chapelle croule.

Quel immense tombeau que ce pays d’Armor !
Chaque siècle en fuyant laisse une trace sombre ;
Et le temple du Christ, bientôt recouvert d’ombre,
Sera tel qu’un menhir d’un autre culte mort.