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Page:Jan - Dans la bruyère, 1891.djvu/64

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DANS LA BRUYÈRE


Elle sait que là-bas doit l’attendre un galant :
Hier, elle fut sage et ne se laissa prendre
Que deux ou trois baisers qu’elle eût bien voulu rendre.
… Maintenant qu’elle y songe elle marche en tremblant.

Il est là !… Les grands bœufs dans l’enclos solitaire
Broutent le gazon vert et ruminent entre eux,
Tandis que les amants, sous les fourrés ombreux,
En chuchotant s’en vont se livrer au mystère.

L’air est doux ; un vent frais monte des profondeurs ;
À travers les rameaux où les pleurs de l’aurore,
Comme des diamants, étincellent encore,
Bientôt deux seins de marbre étalent leurs splendeurs.

Le pastour a saisi la fille par la taille.
Ah ! comme l’herbe est douce ! et qu’il fait bon aimer,
Sous le souffle des bois qui vous vient embaumer,
Avec un dais d’azur à son lit de broussaille !