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Page:Jan - Dans la bruyère, 1891.djvu/66

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DANS LA BRUYÈRE

L’idylle agite encor les grelots des baisers.
Mais la fille, le soir, quand tombe la nuit brune,
Ramène ses grands bœufs aux rayons de la lune,
Avec plus de langueur dans ses yeux apaisés.

Alors, le front levé, l’air grave, le pas ferme,
Prête pour le travail et la maternité,
Elle entre lentement, sous la blanche clarté,
Dans l’encadrement noir du portail de la ferme.

Et, regardant l’azur que la nuit a bruni,
Elle sent remonter de son âme à sa bouche
Tout l’immense bonheur de l’étreinte farouche :
Et, sans savoir pourquoi, pleure sous l’infini.