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DANS LA BRUYÈRE
C’est l’heure où je me plais à rêver dans les bois.
Il est un coin sauvage, au détour d’une allée :
La paix de ce désert est à peine troublée
Par les soupirs du cor et les confus abois.
Sous les rameaux se creuse une mare immobile
Où tremble vaguement la dernière clarté ;
Et sur les bords muets l’herbage est agité
Par l’ondulation rapide d’un reptile.
Une croix de granit allonge sur les eaux
Le sinistre reflet du Christ à l’agonie :
Il crie aux cieux lointains sa souffrance infinie
Et penche son front las sur les tristes roseaux.
Et c’est là que je viens évoquer les grands Rêves.
J’aime la profondeur du silence et des nuits :