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Page:Janet - Le cerveau et la pensee, 1867.djvu/33

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CHAPITRE II

LE CERVEAU CHEZ LES ANIMAUX


On sait l’admiration qu’inspirait à Voltaire le troisième chant du poëme de Lucrèce. C’est dans ce chant que le grand poëte expose les rapports de l’âme et du corps, la dépendance où l’une est de l’autre, l’influence de l’âge, des maladies, de toutes les causes extérieures sur les progrès, les changements, les défaillances de la pensée. « Dans l’enfance, dit-il, le corps est faible et délicat ; il est habité par une pensée également faible. L’âge, en fortifiant les membres, mûrit l’intelligence et augmente la vigueur de l’âme. Ensuite, quand l’effort puissant des années a courbé le corps, émoussé les organes, épuisé les forces, le jugement chancelle, et l’esprit s’embarrasse comme la langue. Enfin tout s’éteint, tout disparaît à la fois. N’est-il pas naturel que l’âme se décompose alors, et se dissipe comme une fumée dans les airs, puisque nous la voyons comme le corps naître, s’accroître et succomber à la fatigue des ans ? » Ces beaux vers d’un accent si grand et si triste résument toute la science des