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Page:Janet - Le cerveau et la pensee, 1867.djvu/53

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naturel. Aussi n’est-il pas éloigné d’affirmer que les petites espèces ont, en général, plus d’intelligence que les grandes, comme si la nature, en les privant de la force physique, avait voulu leur accorder une sorte de compensation dans l’adresse et dans la ruse. M. Dareste cite, à l’appui de cette assertion, l’autorité de M. Geoffroy Saint-Hilaire. Mais l’opinion de celui-ci n’était pas, à ce qu’il paraît, aussi affirmative ; et cette corrélation entre l’intelligence et la petitesse de l’animal paraît mériter confirmation.

L’autre condition, à laquelle on attache avec raison une grande importance, c’est le développement du cerveau d’avant en arrière. Plus le cerveau cache les autres parties de l’encéphale, plus l’animal est intelligent. — Chez les rongeurs, dit M. Flourens, les hémisphères ne recouvrent même pas les tubercules quadrijumeaux ; dans les ruminants, ils les recouvrent ; dans les pachydermes, ils atteignent le cervelet ; dans les orangs, ils recouvrent le cervelet ; dans l’homme, ils le dépassent. Or nous savons par Frédéric Cuvier que l’ordre d’intelligence chez les mammifères est précisément celui que nous venons d’indiquer à savoir les rongeurs, les ruminants, les pachydermes, les carnassiers, les singes et l’homme. M. Leuret reconnaît aussi qu’il y a là un fait qui mérite d’être pris en grande considération, et il est