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Page:Janet - Le cerveau et la pensee, 1867.djvu/64

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résulter de ces rapprochements que la supériorité de l’esprit n’assure pas le premier rang dans l’ordre des poids cérébraux.

M. Broca discute ces différents faits avec beaucoup de sagacité et d’adresse, et il essaye de leur faire perdre une partie de leur valeur. Il fait remarquer que sur les huit hommes supérieurs de M. Wagner, il y en a cinq dont il a lui-même pesé les cerveaux, et qui étaient ses collègues à l’université de Gœttingue. « Or, nous dit M. Broca, les hommes de génie sont rares partout ; il n’est pas probable qu’il en soit mort cinq en cinq ans, rien qu’à l’université de Gœttingue. » La possession d’une chaire universitaire ne prouve pas nécessairement le génie. On peut déployer de l’intelligence d’une autre manière que dans les sciences. Les hommes qui ne sont pas arrivés à la célébrité ne sont pas toujours pour cela inférieurs à d’autres. D’après ces principes, M. Broca dit qu’il ne faudrait faire entrer en ligne de compte que les génies créateurs et originaux. Or, sur la liste de M. Wagner, il ne reconnaît ce caractère qu’à M. Gauss, géomètre vraiment hors ligne ; mais le cerveau de Gauss était encore de 12 pour 100 supérieur à la moyenne, et d’ailleurs il est mort à soixante-dix-huit ans, c’est-à-dire à l’âge où le cerveau décroît.

À ces objections, on a répondu que si le cerveau de Gauss dépasse quelque peu la moyenne, il n’en