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BOSSUET MORALISTE.

ront peut-être à Bossuet et à saint Bernard, que les deux derniers usages de la science sont une vanité honteuse, turpis vanitas, encore est-ce dur et injuste pour les professeurs de science, qui vivent de leur savoir comme les prêtres vivent de l’autel ; mais ils n’accorderont pas que le premier soit une honteuse curiosité, turpis curiositas. Ils demanderont en quoi la contemplation de la vérité pour elle-même est une chose honteuse. Si Dieu lui-même est vérité, ego sum veritas ; si les lois des nombres et des proportions font partie de l’essence divine, comme l’enseignent saint Augustin, Malebranche et Bossuet lui-même, n’est-ce pas contempler Dieu sous une de ses faces que de contempler la vérité ? Que l’on ait tort de ne pas la rapporter à Dieu, cela est possible ; mais en elle-même la vérité n’en est pas moins quelque chose de divin ; et c’est participer à l’éternité que de contempler les vérités éternelles.

« Ce n’est pas, dit cependant Bossuet, que la science ne soit un présent du ciel, la lumière de l’entendement, la nourrice de la vertu. Mais, si elle se termine en elle-même, elle nous aveugle