ce qu’il ne parvenait pas à faire. C’est ainsi que l’agoraphobe traverse très bien les places si on le conduit, que le douteur accepte les ordonnances du médecin. J’ai souvent insisté sur ces malades amusants qui se roulent en efforts désespérés « pour faire une action avec liberté, par eux-mêmes », et qui agissent tout de suite, dès qu’on les pousse un peu en disant : « Ce n’est pas moi qui agis, ce sont mes mains ».
Les expériences sont beaucoup moins précises que lorsqu’il s’agit des paralysie hystériques; la condition qui facilite l’acte n’est pas toujours la même et n’est pas seulement la distraction ou la perte de la conscience. Ces conditions sont variées; elles me paraissent consister surtout dans la suppression de tous ces caractères qui rendent complète l’action volontaire, dans la suppression de la décision personnelle, de la liberté, de la responsabilité, de la joie du succès. Ce qui est perdu, ce que le sujet psychasténique ne peut pas faire, c’est l’action complète avec attention, effort, liberté et plaisir.
Quelques-uns renoncent à ce couronnement de l’acte ou ne songent même pas à le chercher : ils agissent avec ennui et routine; mais d’autres veulent dépasser ce point et alors ils sentent leur impuissance et souffrent de toutes les phobies qui surviennent. Ce sont alors des impuissants, des paralytiques d’une genre très spécial qu’on ne songeait pas tout d’abord à comparer aux malades précédents. Il y a cependant dans tous ces troubles beaucoup d’analogies. Les hystérique, comme les psychasténiques, n’ont perdu les uns comme les autres que les plus hauts degrés de l’action : mais les premiers ont perdu l’action consciente et personnelle, tandis que les seconds n’ont perdu que l’action volontaire et libre.