Page:Janet - Les névroses, 1909.djvu/186

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avec l’anesthésie; elle n’est qu’une expression de l’engourdissement lui-même exagéré, bien entendu, par l’émotion du sujet. C’est pourquoi l’étude des dysesthésies hystériques doit toujours se compléter par celle de leurs anesthésies.


2. - Les anesthésies hystériques.


Comme toujours, dans cette maladie, à côté des exagérations du fonctionnement automatique, nous trouvons des insuffisances de la fonction. Ici, les insuffisances de la perception constituent ce symptôme si important de l’anesthésie hystérique. Ce n’est peut-être pas là un phénomène très important pour le sujet qui en souffre rarement, mais c’est un phénomène très remarquable au point de vue psychologique, qui a été l’objet d’études très importantes et qui a certainement joué un rôle dans le développement de la psychologie pathologique. Ces insensibilités bizarres que présentent certains malades étaient connues depuis fort longtemps : elles constituaient ces marques qu’on appelait les griffes du diable et que l’on recherchait chez les possédés pour pouvoir les envoyer au bûcher en toute sûreté de conscience. Mais leur étude scientifique est assez récente, puisqu’elle ne date guère que des travaux de Piorry, 1843; de Maccario, 1844; de Gendrin, 1856. L’examen psychologique de ce singulier phénomène a été quelque peu commencé par Briquet, 1859, mais il date surtout de l’époque de Charcot et de son école.

Il est impossible d’indiquer ici, même sommairement, toutes les observations qui ont été faites sur l’anesthésie hystérique. Il nous suffit d’indiquer d’abord les faits les plus simples relatifs à la sensibilité générale et ensuite quelques notions sur les anesthésies qui affectent les sens spéciaux.