rouge sur la main insensible d’une hystérique et empêchons-la de l’enlever : elle est gênée par cette modification de sa main, s’en préoccupe, y fait attention et, au bout de peu de temps, sa main est de nouveau complètement sensible. Toutes ces modifications rapides nous font penser que le trouble de la perception doit être bien superficiel et bien léger[1].
C’est ici le lieu de rappeler toutes les anciennes études que j’ai eu l’occasion de faire, il y a vingt ans, sur un autre caractère plus curieux encore de l’anesthésie hystérique, sur son apparence contradictoire. Pendant que l’insensibilité semble être complète, on peut montrer par diverses expériences que la perception s’effectue encore au moins d’une certaine manière. Le professeur de Berlin, M. Joly, observait des enfants en apparence aveugles; il notait qu’ils savaient cependant éviter les obstacles et ne se conduisaient pas comme de vrais aveugles : « Ils doivent avoir conservé, disait-il, une espèce de perception. » J’ai pu montrer qu’il en est ainsi dans tous les cas d’anesthésie hystérique. Des sujets naïfs acceptaient aisément cette petite convention que je leur proposais : ils devaient nous répondre « oui » quand ils étaient pincés sur une région sensible, et « non » au moment où ils étaient pincés sur le côté qui ne devait rien sentir. Des objets mis à leur insu dans la main insensible et sans qu’ils pussent les voir, déterminaient des mouvements d’adaptation de la main : les doigts prenaient le crayon ou entraient dans les anneaux des ciseaux. Si la vue de certains objets déterminait des émotions ou des convulsions, ces
- ↑ État mental des hystérique, I, p. 21.