Aller au contenu

Page:Janet - Les névroses, 1909.djvu/210

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

étrange, je crois plutôt que c’est le sentiment de non-réel, le sentiment d’absence de la réalité. C’est ce sentiment de l’irréel qui donne les impressions de rêve, de simulation, de jamais vu, de fantastique, c’est cette absence de réalité psychologique qui leur fait dire que les autres hommes sont des automates et qu’eux-mêmes sont des morts. On pourrait dire qu’ils ont conservé toutes les fonctions de perception mais qu’ils n’y ajoutent plus les sentiments de confiance, de certitude qui constituent dans notre esprit la notion de la réalité. Nous retrouvons à propos de la perception le même doute qui troublait la mémoire et l’intelligence. Ce doute est une sorte d’inachèvement de la perception exactement comme le défaut de conscience personnelle que nous avons noté chez l’hystérique, c’est pourquoi les troubles de la perception présentés par le psychasténique méritent d’être rapprochés des dysesthésies et des anesthésies hystériques : ce sont, malgré les apparences, des phénomènes très voisins l’un de l’autre.