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Page:Janet - Les névroses, 1909.djvu/264

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prennent des billets de chemin de fer, ils vont manger et coucher à l’hôtel, ils parlent à un grand nombre de personnes; on nous dit bien de temps en temps qu’on les a trouvés bizarres, rêveurs, préoccupés, mais enfin on ne les a pas pris pour des fous, tandis qu’Irène ne ferait pas quatre pas quand elle rêve à la mort de sa mère sans se faire conduire à l’asile. Il est certain que l’étendue de la conscience est très différente, que l’esprit ne se réduit pas d’une manière aussi brutale à une seule idée. 3º Nous pourrions faire des remarques analogues sur l’état dit normal. L’oubli de la fugue est très net, mais l’oubli de l’idée directrice et des sentiments qui s’y rapportent est beaucoup moins brutal : la restauration de la personnalité normale est beaucoup plus complète.

Pour comprendre cette dégradation, cette transformation du somnambulisme monoïdéique jusqu’à la fugue hystérique, il nous faut étudier des états en quelque sorte intermédiaires à divers points de vue, qui nous prépareront à comprendre les transformations de l’idée fixe typique. Je veux vous parler des somnambulismes polyidéique qui s’opposent au premier comme leur nom l’indique par la multiplicité des idées qui les remplissent.

On peut tout d’abord très bien comprendre, par un exemple, comment le somnambulisme peut se compliquer. Voici une femme hystérique Leg…, dont la vie a été très accidentée et qui a eu plusieurs aventures très dramatique capables de bouleverser sa conscience et de faire naître dans son esprit ces idées fixes qui remplissent les somnambulismes. Un jour, se trouvant au moment de ses règles, elle avait été fouiller dans les tiroirs de son amant et elle y avait trouvé une lettre qui confirmait ses soupçons et lui montrait qu’elle était trompée. Grande colère, arrêt des règles, bien entendu, et crise délirante à forme somnambulisme monoïdéique qui répète cette