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Page:Janet - Les névroses, 1909.djvu/302

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intermittences semble à peu près régulière et cela pendant un temps très long : ils ont six mois de dépression, trois ou quatre mois de bonne santé, puis, inévitablement, au moins en apparence, une dépression nouvelle. Ce sont des malades de ce genre qui ont donné naissance aux diverses conceptions médicales de la folie intermittente, de la folie à double forme, de la folie circulaire. On peut se demander si le caractère à peu près périodique de leur maladie suffit pour les distinguer des autres psychasténiques et pour constituer une maladie toute spéciale appelée aujourd’hui par les Allemands la « psychose maniaque-dépressive ».

Dans certains cas, il y a là évidemment des phénomènes assez distincts de ceux que nous venons de décrire, mais je crois que bien souvent on a exagéré cette distinction. Au point de vue psychologique, beaucoup de ces malades ne diffèrent point du tout de nos psychasténiques. Il n’y a que l’évolution de leur maladie qui, par suite de circonstances spéciales encore mal élucidées, prend une allure un eu particulière. Notons seulement que la même difficulté s’est déjà présentée à propos de la double personnalité des hystériques; comme nous l’avons montré, ces doubles existences ont pour point de départ des dépressions périodiques, simplement compliquées par l’addition des phénomènes d’amnésie propres aux hystériques. À mon avis, la double personnalité est la forme que prend le délire circulaire chez l’hystérique. Il n’était peut-être pas indispensable de changer tout à fait la conception de la maladie simplement à cause d’une modification dans son évolution.

Il serait plus important d’étudier les conditions qui semblent déterminer l’apparition de ces crises de dépression. Les maladies infectieuses, les fatigues physiques et morales, les émotions d’un certain genre amènent d’ordinaire l’abaissement du niveau mental.