Page:Janet - Les névroses, 1909.djvu/363

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propos d’une foule de pensées. La panophobie serait une sorte de stade préparatoire, une période d’émotivité non différenciée : le hasard, un choc brusque lui donne l’orientation et la fixe dans une direction déterminée. L’émoti-vité est alors concentrée et incarnée dans une seule pensée qui devient une obsession.

On est frappé du progrès de cette théorie sur la précédente : la méthode est juste car on explique la conception, l’idée par des phénomènes psychologiques plus simple comme l’émotion diffuse. L’angoisse d’ailleurs est un phénomène fréquent et important et l’émotivité est bien en réalité un caractère important que l’on retrouve chez un grand nombre de malades psychasténiques. Il semblerait donc que nous pourrions trouver dans l’émotion exagérée, dans une émotivité pathologique, le caractère commun qui réunirait ces phénomènes morbides et qui les distinguerait des autres maladies.

J’ai été amené cependant à discuter longuement cette conception si simple qui me semble beaucoup trop vague et trop générale et qui est en même temps trop restreinte et incomplète[1]. Est-il un concept plus vague que celui de l’émotion en général et celui de l’émotivité? On se retrouve ici en présence des mêmes difficultés que nous avons rencontrées à propos des explications de l’hystérie par la suggestion. Tout dépend de la façon dont les différents auteurs entendent ce mot : la discussion de certains auteurs est impossible parce que le mot « émotion » désigne chez eux des phénomènes psychologiques quelconques exactement comme chez d’autres le mot « suggestion ». On ne peut discuter que ceux qui donnent à ce mot un sens à peu près précis et qui en font, comme nous l’avons dit, la conscience d’une certaine agitation viscérale.

  1. Obsessions et psychasténie, I, p. 458.