estomac et tous les organes inférieurs de l’alimentation puissent parfaitement fonctionner. Certains malades ne perdent que cette partie supérieure de la fonction de l’alimentation qui consiste à manger en société, à manger dans des circonstances nouvelles et complexes, à manger en prenant conscience de ce que l’on fait. Quoique le physiologiste ne soupçonne pas que ces phénomènes fassent partie de l’exercice des fonctions sexuelles dans l’humanité, il y a une pathologie des fiançailles et une pathologie du voyage de noces. C’est justement sur cette partie supérieure des fonctions, sur leur adaptation aux circonstances présentes que portent les névroses et cette notion doit entrer dans leur définition.
Cette conception d’une partie supérieure de la fonction seule atteinte dans les névroses peut être exprimée d’une autre manière. On sait bien en général que l’évolution des êtres vivants existe, on veut bien en tenir compte quand on considère les longues périodes du passé; mais le médecin et le physiologiste n’ont pas l’habitude d’en tenir compte en étudiant l’homme actuel. Ils le considèrent comme immuable, comme figé, ils semblent croire que l’homme ne met en œuvre que des fonctions anciennement acquises et définitivement inscrite dans son organisme. C’est là une illusion, peu à peu le point de vue changera et on comprendra qu’il faut tenir compte de l’évolution et de l’évolution actuelle à propos de tous les phénomènes de la vie. Certains auteurs, comme M. Gustave Le Bon, ne nous parlent-ils pas déjà de l’évolution de la matière et ne nous montrent-ils pas que les physiciens et les chimistes s’arrêtent devant des phénomènes inexplicable parce qu’ils considèrent la matière comme inerte? À plus forte raison faut-il tenir compte de l’évolution dans les actions de l’être qui évolue le plus, dans l’interprétation de la conduite de l’homme.