et cultivées, elles se retrouvent presque identiques chez des femmes du peuple absolument sans éducation. Hm…, femme de vingt et un ans, ouvrière à la campagne, qui sait à peine lire et qui ne sait pas écrire, est tourmentée après son accouchement par des idées de ce genre : « Je ne puis pas comprendre comment cela se fait qu’il y ait du monde; pourquoi y a-t-il des arbres, des bêtes? qu’est-ce que tout cela va devenir quand tout sera fini? » Il y a là un besoin de spéculation, de travail mental, qui s’effectue indépendamment des connaissances acquises et des capacité du sujet pour discuter les problèmes qu’il pose.
Ces manies de l’au delà aboutissent toutes au même point, Elles poussent toutes les opérations mentales à l’extrême, aussi loin qu’il est possible d’arriver. C’est pour cela que, dans leurs obsessions, ces malades s’imaginent toujours des remords, des hontes, des crimes, des sacrilèges tout à fait énormes et invraisemblables. Ils veulent arriver à des choses épouvantables, à des crimes inouïs que personne n’aurait encore faits, que personne n’aurait encore faits, que personne n’aurait encore imaginés. Ils se torturent l’imagination pour arriver à l’abomi-nable et presque toujours ils échouent dans le grotesque. Cet état d’esprit est assez bien décrit par l’auteur de A rebours et de Là-bas. En écoutant nos sacrilèges, on pense à ce chanoine « qui nourrit des souris blanches avec des hosties consacrées et qui s’est fait tatouer sur la plante des pieds l’image de la croix, afin de toujours marcher sur le Sauveur[1]». Cette manie de l’extrême les amène à penser constamment à la mort, à la fin du monde. Ils ont la manie des généralisations, la manie du tout ou rien, et beaucoup d’entre eux ont la manie de concevoir constamment les idées d’infini et d’éternité.
- ↑ HUYSMANS, Là-bas, p. 297.