Page:Janet - Les névroses, 1909.djvu/79

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automatiques qui expriment une idée fixe, comme nous l’avons vu, il y a aussi de ces écritures qui n’expriment rien du tout : le médium couvre des pages et des pages de griffonnage. Quand on les déchiffre, on trouve que ce sont des phrases banales, se rattachant à toutes sortes de souvenirs absolument insignifiants ou même d’énormes suites de mots sans signification. C’est de l’écriture pour l’écriture, exactement comme le bavardage précédent n’était que de l’agitation du langage. Il est probable que l’on noterait les mêmes phénomènes atténués dans de simple hallucinations verbales : le sujet sans parler lui-même entend parler à tort et à travers, ou sent qu’on parle dans sa tête. Mais ces derniers phénomènes sont déjà moins nets et se séparent difficilement de ceux que nous avons à étudier dans l’autre groupe de malades, les psychasténiques.


2. - Le mutisme hystérique.


À côté de ces agitations du langage se place une autre perturbation bien remarquable et peut-être plus connue, mais que l’on a trop isolé du trouble précédent, le mutisme hystérique. Déjà dans l’antiquité, on avait remarqué des troubles bizarres de la parole qui apparaissaient et disparaissaient en apparence sans raison. L’observation suivante d’Hippocrate semble bien se rattacher à un accident hystérique : « La femme Polémaque, dit-il, ayant une affection arthritique, éprouva une douleur subite de la hanche, les règles n’étant pas venues; ayant bu de l’eau de bettes, elle resta sans voix toute la nuit jusqu’au milieu du jour. Elle entendait, comprenait, elle indiquait avec la main que la douleur était à la hanche ». Il semble que tout y soit, l’arrêt des règles, les troubles du mouvement, contractures ou paralysies,