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Page:Janin - Œuvres diverses, série 1, tome 1, 1876.djvu/28

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fenêtres n’osa plus arrêter son regard sur ce cachot. — Il sortait de ce cachot je ne sais quelle sainte terreur qui éblouissait.

Un jour elle dit à sa servante : « Rosalie, faites mon chignon » ; et en même temps elle tendait à la jeune fille cette belle tête qui devait tomber sitôt, et ces beaux cheveux qui avaient inspiré tous les poëtes du monde, et Métastase le premier. Le concierge ne voulut pas permettre à Rosalie d’arranger les cheveux de la Reine. — Il dit que « c’était son droit », et il s’apprêtait à relever ces beaux cheveux ; mais la Reine les releva elle-même. Il n’y avait que le bourreau qui eût le droit de la toucher.

Quand elle eut relevé elle-même ces beaux cheveux blonds qui se plaçaient autour de sa tête avec une grâce et une majesté si naturelles, elle les partagea en deux sur le front, elle les couvrit elle-même d’un peu de poudre parfumée ; puis elle mit sur sa tête un simple petit bonnet qu’elle portait depuis douze jours. Mais le lendemain, dans un jour de clémence, la république permit qu’on apportât du Temple à la Reine des chemises de batiste, des mouchoirs de poche, des fichus, des bas de soie, un déshabillé blanc pour le matin, quelques bonnets de nuit et quelques bouts de ruban blanc. La Reine se prit à sourire tristement en re-