Page:Janin - Contes, nouvelles et récits, 1885.djvu/170

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Louis XIV ; c’est l’histoire même du palais de Versailles. Nous n’en voulons pas sortir ; nous y resterons jusqu’à la fin, avec la chronique et les chroniqueurs. Nous ramassons çà et là les causeries de Marly et de Trianon, du grand lever et du petit lever.

Si le roi se porte bien, tout la palais est en fête ; grande chasse au matin, grand jeu le soir, des masques, des loteries, des musiques tant qu’on en veut. Le roi distribue au hasard des lots d’or et d’argent ; les joueurs, vêtus en comédiens italiens, tiennent le jeu du roi et de Mme de Montespan, qui perd souvent mille louis sur une carte.

Marly est tout semblable à un bal masqué ; les princesses, mêlées aux comédiens, dansent les intermèdes du Bourgeois gentilhomme. Dans les boutiques, tenues par les duchesses, sont exposés les plus belles étoffes, le plus beau linge et les plus agréables pierreries qui se puissent voir. On joue à tout gagner, à ne rien perdre.

Après le jeu, la comédie ; après la comédie, la souper. À la fête des rois, l’empressement redouble avec la dépense :

« Le soir, à huit heures, le roi entra dans son grand appartement avec beaucoup de dames. Monseigneur et Mme la Dauphine étoient à la comédie, qu’ils avoient fait commencer de bonne heure, et vinrent ensuite trouver le roi. Avant souper, on joua à toutes sortes de jeux ; puis on servit cinq tables pour les dames, qui furent tenues par le roi, par Monseigneur et par Mme la Dauphine, par Monsieur et par Madame ; et, outre cela, il y eut dans le billard une grande table pour les seigneurs. Le repas se passa fort gaiement ; on fit des rois à toutes les tables ; il y avoit musique dans les deux tribunes de la salle où l’on mangea ; il y avoit soixante-dix dames, outre les cinq personnes qui tiennent les tables ; et cependant il y en