Page:Janin - Contes, nouvelles et récits, 1885.djvu/182

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le vieux frère de ce roi qui vieillit. Elle trouve, oublié dans son coin, le roi Jacques, et va l’enfouir chez les Bénédictins anglais, réfugiés dans un faubourg de Paris. Qui l’eût jamais cru ? M. Fagon, premier médecin du roi, est considérablement malade ; il meurt… le roi va courre le cerf à Marly, Ce docteur Fagon est toute une figure ; il a joué dans la santé du roi le plus grand rôle. Il tenait un registre exact du moindre incident de la chambre et de la garde-robe du roi. Ne riez pas ! tout ce qui touche à Sa Majesté Louis XIV est très sérieux.

Pour peu que l’on ait assisté aux comédies écrites par les contemporains de Molière et par Molière en personne, on comprendra que ces détails d’alcôve ne déplaisaient pas à Louis XIV bien portant. Au contraire, il riait volontiers de son médecin inutile, et prenait sa part des rires de don Juan, quand le damné disait : « Un médecin est un homme que l’on paye pour conter des fariboles dans la chambre d’un malade, jusqu’à l’heure où le malade est emporté par le remède, s’il n’est pas tué par le médecin. » Ce siècle, heureux entre tous, n’a pas manqué de médecins célèbres : Valot, Brayer, Desfougerais, Guénaut, le médecin du cardinal Mazarin, dont il est parlé dans la Satire de Despréaux :


Guénaut, sur son cheval, en passant m’éclabousse…


Un jour qu’il traversait les halles, une dame de l’endroit s’écriait : Faisons place, mes commères, à celui qui nous a délivrés du Mazarin. En dépit de ces moqueries populaires, la charge de médecin du roi était une charge importante. Il marchait au premier rang des grands officiers de la maison royale ; il prêtait serment entre les mains du roi ; il n’obéissait qu’au roi ; il avait droit à tous