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I

Dans un canton de l’Arabie heureuse appelé le Ludistan régnaient et gouvernaient, au temps des féeries, le bon roi Lysis et la reine Lysida. C’étaient deux bonnes gens, sans reproches et sans peur, qui se laissaient conduire assez volontiers, le roi par son ministre Atrobolin, la reine par sa dame d’honneur Moustelle ; Moustelle, il est vrai, appartenait aux premières maisons de Ludistan.

C’était un jour d’été ; la reine et le roi, qui ne s’amusaient pas tous les matins dans le parc de leur château, se plaisaient souvent après leur déjeuner, composé d’une simple tasse de café au lait, à échapper, comme on disait alors, aux ennuis de la grandeur. Donc, sitôt que leurs salons furent déserts, et voyant que les ambitieux les laissaient en repos jusqu’au lendemain, le roi Lysis et la reine Lysida, longeant la grande allée de maronniers qui traversait le parc et ne s’arrêtait qu’à la petite grille, ouvrirent en toute hâte la poterne et la refermèrent, tant ils avaient peur d’être arrêtés par quelque urgente affaire de la dame d’honneur ou du premier ministre. A demain l