Page:Janin - Contes, nouvelles et récits, 1885.djvu/89

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III.

M. Nicolas de Malézieu était une façon de grand seigneur. Il était un des membres écoutés de l’Académie française ; il était à la cour de Sceaux, chez M. le duc et chez Mme la duchesse du Maine, un peu moins qu’un ami, beaucoup plus qu’un serviteur : il était l’homme indispensable. Il donnait l’exemple et le mouvement à cette cour brillante, où tous les mécontents trouvaient un facile accueil, pourvu qu’ils fussent gens de mérite et d’esprit. Les hommes prenaient l’avis de M. de Malézieu s’il s’agissait de quelque bel ouvrage de l’esprit ; il était consulté pour les bâtiments, pour les jardins, pour le théâtre et pour le salon. Son bon goût faisait autorité même pour les parures et les ajustements de Mme la duchesse du Maine. On disait généralement : Le maître l’a dit ! aussitôt que M. de Malézieu avait prononcé son arrêt dans une discussion. Il était le canal de toutes les grâces, le conseiller intime et la voix sans appel. Et comme, heureusement, cet homme était juste et bienveillant, affable à beaucoup de gens, accessible à tous, chacun trouvait que son joug