Page:Janin - Critique dramatique (1877) - Tome 2.djvu/304

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les esprits actifs s’avancent de lumière en lumière, impatients d’apprendre et de savoir !

De là une grande inégalité non-seulement entre ces esprits si divers, mais aussi entre ces âmes qui pouvaient être également honnêtes, et qui se pervertissent justement parce qu’un esprit engourdi trouve l’âme humiliée et mécontente. On est jaloux d’abord, envieux ensuite, et, de l’envie à tous les crimes qu’elle enfante, il n’y a guère que la longueur d’une épée ou d’un couteau. L’enfant grandit cependant entre ces deux flétrissures : la paresse et la haine ; il grandit, ramassant ça et là, de temps à autre, et bon gré, mal gré, des bribes de grec et des morceaux de latin mêlés à des apparences de français ; il s’habitue, ô misère ! à donner une certaine forme supportable à ses vulgaires et médiocres pensées ; il copie, et pendant que ses condisciples, plus heureux, combattent les difficultés, gravissent les montagnes et côtoient les abîmes des longues et patientes études, monsieur l’oisif s’amuse, comme on dit, aux bagatelles de la porte. Il rime des vers français quand ses voisins alignent en méditant les spondées et les dactyles dans la langue harmonieuse de Virgile ; il écrit des bouquets à Chloris, à l’heure où ses condisciples loyaux interrogeant les hommes illustres d’autrefois s’essayent à bégayer, au nom