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Page:Janin - L’Âne mort, 1842.djvu/262

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soleil, battant de l’aile sa coquette et blanche amoureuse ; il y avait autour de cette jolie maison tant de propreté, de bien-être et de bonne grâce, que je ne pus résister au désir d’y jeter au moins un coup d’œil. J’entrai dans la cour, et après avoir respiré de plus près l’odeur de ces lilas embaumés, j’allais continuer ma promenade, quand, au rez-de-chaussée et au milieu d’une vaste salle, j’aperçus, à moitié construite, une large machine. Cette machine étrange se composait d’une longue estrade en bois de chêne ; une légère barrière l’entourait de deux côtés ; sur le derrière s’appuyait un escalier ; sur le devant s’élevaient deux larges poutres menaçantes ; chacune de ces poutres avait une rainure au milieu ; tout au bas de la machine, l’estrade se terminait brusquement par une planche taillée au milieu en forme de collier ; cette planche était mobile ; on voyait pourtant que l’ouvrage était bien près d’être achevé : un jeune homme beau, riant, vigoureux, bien fait, frappait en chantant et de toutes ses forces sur les ais mal joints, ajoutant à son œuvre une dernière cheville ; sur le dernier échelon de l’escalier on voyait une bouteille presque vide et un verre à moitié plein ; de temps à autre le jeune homme se mettait à boire à petits traits, après quoi, il revenait à son ouvrage et à son gai refrain.