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Page:Janin - La Bretagne, 1844.djvu/57

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toutes les petites nations éparses sur le territoire gaulois. Les Armoricains combattirent avec tous ces peuples aux plaines catalauniques. Tandis que ces luttes se passaient dans les Gaules, l’île de Bretagne devenait la proie des barbares. Trahis par les Saxons, dont ils avaient imploré l’assistance contre les Pictes et les Scotts, les insulaires se virent réduits à chercher un asile, les uns dans les montagnes de la Cambrie, les autres au delà des mers, dans la péninsule armoricaine, d’où leurs ancêtres étaient primitivement sortis.

Ici se termine l’histoire des Gallo-Armoricains ; mais avant de dérouler les annales des Bretons, qui vinrent au quatrième et au cinquième siècle s’établir dans la péninsule gauloise, nous devons jeter un coup d’œil rapide sur les révolutions dont la Grande-Bretagne fut le théâtre. Ces révolutions elles-mêmes, pour que le lecteur les puisse suivre sans confusion, ne se peuvent expliquer qu’en remontant aux origines des Bretons, insulaires.

À coup sûr, les autorités ne nous manqueront pas, il ne s’agit que de les chercher avec zèle, avec dévouement, avec respect. « La partie intérieure de la Bretagne est habitée, si l’on s’en rapporte à la tradition, par des peuples indigènes ; le littoral est occupé par des tribus auxquelles les joies de la guerre et l’appât du butin firent quitter la Belgique. Les émigrés ont presque tous conservé les noms des cités auxquelles ils appartenaient lorsqu’ils vinrent, les armes à la main, s’établir dans la contrée sur quelle aujourd’hui la charrue se fait sentir[1]. »

Ainsi parle Jules César ; vous voyez qu’il nous vient en aide de nouveau ; et que partout où il a passé il a laissé sa trace. Tacite confirme sur ce point, le témoignage du grand capitaine : « Ceux des habitants de la Gaule qui sont les plus rapprochés des Gaulois conservent entre eux toutes les ressemblances de la commune origine, à moins qu’il ne soit permis de dire que, pour les Bretons, cette ressemblance ne soit un caprice de la nature. Cependant, tout porte à croire que les Bretons sont venus s’établir sur une côte si voisine de leur île ; le culte est le même, ils parlent la même langue à quelques différences près ; également braves dans les dangers, et désespérés dans la défaite. Toute la différence est à la louange des Bretons, qu’une longue paix n’a pas énervés[2].

Quoi de plus vrai ? la science moderne, après bien des recherches,

  1. Cæs. de Bell. Gall., l. V, ch. xii.
  2. Tacite, Agricol. XI.