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Page:Janin - La Bretagne, 1844.djvu/664

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pine et de chèvrefeuille. — Laissez passer le paysan de Tréguier, qu’il apporte ses vœux et ses prières à Notre-Dame-d’Auray. Notre-Dame-d’Auray n’a pas d’oreille pour la colère, pour la haine, pour les mauvaises passions du cœur. — Laissez passer le paysan de Tréguier, car il a, dit-on, conservé une antique chapelle dédiée, qui le croirait ? à Notre-Dame-de-la-Haine ! — Laissez passer le paysan de Tréguier. Il a pourtant le pèlerinage de Saint-Mathurin, à Moncontour ; le pèlerinage de Notre-Dame-de-Bon-Secours, à Guingamp ; mais ni monsieur saint Mathurin, dont les bœufs même vont baiser la châsse d’argent, ni Madame de Bon-Secours, que l’on invoque pendant la nuit, nuit dangereuse aux plus jeunes pèlerins des deux sexes, ne font oublier Notre-Dame-d’Auray. — Saint pèlerinage ! il

La neuvaine.

attire toutes les âmes. C’est surtout vers la fin de juillet, à la fête de sainte Anne, que les chemins d’Auray et de Plunéret se couvrent de ces pieux voyageurs ; alors le village n’a plus assez de maisons, la ville plus assez d’hôtelleries. Mais qu’importe ? Celui qui ne rencontre pas le toit hospitalier, couche à la belle étoile ; — Madame Anne lui sourit du haut du ciel, les étoiles le couvrent de leurs clartés divines ; il a prié ce soir, et demain, à son réveil, il ira se plonger dans la fontaine salutaire, demain il ira s’agenouiller à l’autel de la sainte, il chantera dans la longue procession la longue litanie. Ô bonheur ! il pourra contempler, face à face, la statue de sainte Anne, sauvée par un miracle. Oui, certes, le miracle éternel et divin de la croyance, de la reconnaissance et de la charité ! Mais, au milieu de ces cantiques, de