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INTRODUCTION

À quoi nous avons servi, nous autres les premiers hommes de la presse périodique, et ce que nous avons fait en dix ans, il serait facile de le dire. Une fois que nous nous fûmes enquis de quoi il s’agissait et quels étaient les hommes régnants, nous comprîmes tout de suite ce qu’il y avait à construire et surtout à démolir. Ainsi nous avons été les premiers qui aient attaqué de front la littérature de l’Empire, cette triste usurpation littéraire qui était restée debout après que l’usurpation guerrière et glorieuse fut morte sur son rocher. Vous qui vivez, ou plutôt qui écrivez aujourd’hui, tranquilles et à l’abri de tout monopole, vous ne sauriez vous figurer ce que c’était, il y a dix ans, que la littérature de l’Empire : elle était partout maîtresse souveraine, impérieuse, fière et jalouse et médiocre ; elle tenait tout ce qu’on pouvait tenir, le théâtre et la place publique, l’Académie et le journal ; à chaque pas que faisait un pauvre jeune homme qui se sentait de l’esprit et du cœur, il trou-