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XIV
À THÉODOSE BURETTE.

palais du Luxembourg est très-utile par son jardin, qui nous donne tant d’air et de soleil et tant de lilas en fleurs. Quelles belles promenades salutaires nous ferions encore sous ces beaux arbres, si seulement Mme la duchesse Decazes voulait nous permettre de promener nos chiens sans les tenir en laisse ! C’est ainsi pourtant que dans notre jeunesse, sous M. de Sémonville, cet affable gentilhomme, nous laissions gambader Azor et Phan au Luxembourg. Mais à quoi donc, je te prie, a servi la révolution de juillet, puisque nos pauvres chiens y ont perdu cette grande liberté ?

Je le vois d’ici, si je n’écrivais pas ces pages en cachette, si tu étais là derrière mon épaule à déchiffrer ces lignes que je t’adresse, tu me les ferais effacer bien vite ! Tu me dirais que cela n’est pas prudent, qu’il faudrait parler avec plus de réserve de la Chambre des députés, de la Chambre des pairs et de la révolution de juillet ; tu ajouterais que toi absent, j’ai écrit la préface de Barnave. Eh bien, non, quoique tu en dises, je ne peux pas accorder mes sympathies à cet état misérable dans lequel nous vivons, qui n’est ni la paix, ni la guerre, ni la liberté, ni l’esclavage, ni la lutte, ni le repos. Moi je suis, avant tout, l’homme des époques tranquilles où l’on peut s’occuper à loisir de belle prose, de beaux vers, de belles pages historiques qui chantent ou qui déclament, des nobles pas-