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DE SADE.

est presque toujours sauvé par la forme. Horace n’a-t-il pas laissé dans ses œuvres, monument achevé du goût le plus parfait et le plus pur, cette ode à certaine vieille Romaine qu’on dirait échappée à la verve d’un écolier de rhétorique ? Virgile lui-même, le chaste Virgile, est-il sans reproche, et n’y a-t-il pas de singulières réticences dans ses pastorales ? Donc ne soyons pas trop sévères ; ne faisons pas la guerre aux vers échappés, dans un moment d’oubli, à des hommes qui ont fait des chefs-d’œuvre. Mais l’homme en question, mais le marquis de Sade a fait de ces livres obscènes l’occupation de toute sa vie, mais de ces obscénités qui n’étaient que cela dans la tête des autres écrivains le marquis de Sade a fait un code entier d’ordures et de vices, mais, pendant que ses confrères ne voulaient que faire passer une heure ou deux aux libertins de tous les âges, lui il a voulu mettre le vice en précepte ; bien plus, il a voulu passer de cette infâme théorie à la pra-