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DE SADE.

effet voilà le Rhône ! on l’aperçoit de loin aussi haut que le ciel ; il brille, il reluit, il éclate, il gronde. Me voilà, moi et mon pauvre Julien, lui dans les bras de sa mère, moi dans les bras de mon père et de ma mère, et fêtés tous les deux, je puis bien le dire, moi dont les parents sont morts. C’était, dans le village, à qui nous ouvrirait sa maison et son cœur ; car Julien et moi, au dire de tous, nous étions deux savants, deux phénomènes, deux Parisiens, deux grands hommes à venir : ainsi l’avaient décidé mon oncle Charles et son oncle Gabriel. Or l’oncle Gabriel de Julien était comme nous un savant, un latiniste, un homme qui lisait Virgile ; il était de plus le curé d’un petit village du Rhône. Ce village, suspendu aux flancs d’un rocher calciné, au milieu des vignes et des pêchers, était le domaine, ou, pour mieux dire, le royaume du bon curé Gabriel. Vous pensez bien que le digne homme n’eut rien de plus pressé que de nous conduire tous les deux, Julien et moi, à