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LE MARQUIS

fut pourtant cette fatale enveloppe qui décida le choix du pauvre Julien. Il suffisait qu’ils ne fussent pas à sa portée pour qu’il voulût s’emparer de ces volumes ; il suffisait qu’il fût défendu pour qu’il eût envie de porter la main à ce fruit de malheur et de perdition. D’abord il hésita : une voix lui disait qu’il allait commettre une action mauvaise ; puis peu à peu il s’enhardit. D’abord il déchira quelque peu le dos du volume pour en savoir le titre. Ce titre était fort simple, c’était un nom de femme comme on en voit en tête de tous les romans de Ducray-Duminil. Enfin, n’y tenant plus, l’enfant déchira tout à fait l’enveloppe, que rattachaient quatre grands cachets noirs ; il ouvrit le livre. À cette vue il eut un éblouissement. Revenu de sa frayeur, il courut s’enfermer dans sa chambre avec les œuvres du marquis de Sade.

Je vous laisse à penser ce que devint ce jeune homme ignorant, timide et frêle, à la lecture d’un livre qui suffirait à ébranler les organi-