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DE SADE.

niâtre et si subit. Un médecin venu de Lyon annonce enfin que l’enfant est épileptique, puis il s’en va. Pauvre Julien ! pauvre mère de Julien ! pauvre oncle de Julien !

Je l’ai vu longtemps ce malheureux. Il vit encore, si l’on peut appeler la vie une terreur perpétuelle. Sa jeune raison n’a pas pu soutenir le choc imprévu des raisonnements du marquis de Sade. Cette âme simple et naïve n’a pas voulu se persuader qu’un homme pouvait se livrer à des fictions pareilles ; il a pris au sérieux ces abominables mensonges : aussi l’enfant est devenu tout à coup un homme ; sa charmante ignorance de toutes choses a succombé dès le premier choc sous la science du marquis de Sade. Moi, qui n’ai pas quitté Julien pendant les deux premiers mois de sa maladie, j’ai été le témoin de ses indicibles terreurs. Deux nuits de lecture avaient suffi pour détruire tout à fait cette intelligence si honnête ; il ne voyait plus dans la nature que des monstres : à la vue de son oncle, qui était