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LE MARQUIS

abominables. D’abord le public n’y crut pas, ni même sa femme, ni même la justice de ce temps-là ; cependant, par mesure de simple police, on l’envoya en exil. En exil il perfectionna sa science, il ajouta à sa théorie, il se livra à mille imaginations plus perverses les unes que les autres ; en un mot, il se compléta dans tous les mauvais lieux et dans tous les mauvais livres de l’Europe. C’était un homme qui étudiait le vice par principes, passant du connu à l’inconnu, se proposant des problèmes étranges en allant du plus facile au plus difficile. Avec la moitié moins de peine qu’il ne s’en est donné pour être l’imagination la plus corrompue de la terre, le marquis de Sade serait devenu aussi grand calculateur que Monge, aussi grand naturaliste que Cuvier.

Ce serait une erreur de croire que cet homme-là fut le seul qui se soit livré à cette exécrable étude du vice par le meurtre : l’antiquité en fournit plusieurs exemples. Néron se