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LE MARQUIS

vous dans la nuit, toute l’histoire de Faublas ou de Casanova ; mais ce fut à grand’peine que la société de ce temps-là ajouta foi à ce meurtre si lâche, si inutile, si cruel, ce meurtre sur une femme ! Le procès du marquis de Sade fut donc instruit en toute hâte. Malheureusement, par égard pour la famille à laquelle le coupable appartenait, la procédure fut arrêtée par ordre du Roi ; le marquis fut conduit à Lyon dans la prison de Pierre-Encise, qui n’est plus qu’une ruine, où cependant l’on vous parle encore du marquis bien plus qu’on ne parle de M. de Thou ou de Cinq-Mars. Qui le croirait ? six semaines après cet emprisonnement la famille du marquis de Sade obtint pour lui des lettres de grâce ! Ces lettres de grâce portaient en substance que le délit dont le marquis de Sade s’était rendu coupable était d’un genre non prévu par les lois, et que l’ensemble en présentait un tableau si obscène et si honteux qu’il fallait en éteindre jusqu’au souvenir. N’est-ce pas là un beau prétexte pour relâcher