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LE MARQUIS

vant avec un orgueil tout littéraire les applaudissements des galériens, ses compagnons de captivité !

Cependant il n’y avait pas de plaisirs innocents pour le marquis de Sade. Comme il était continuellement assiégé des mêmes visions de volupté meurtrière, il allait dans tout Bicêtre cherchant et faisant des prosélytes ; il était vraiment le professeur émérite de la maison. Il avait toujours dans ses poches, au service des détenus, soit un de ses livres imprimés, soit un de ses livres manuscrits ; il les jetait dans les cachots par un soupirail, dans l’infirmerie par-dessous les portes. Sur le préau, il aimait à s’entourer de jeunes détenus dont il se faisait le professeur de philosophie et de morale, professeur écouté et applaudi s’il en fut. Il en fit tant que bientôt les médecins de Bicêtre s’aperçurent que leurs malades étaient plus malades quand ils avaient seulement aperçu le marquis de Sade, que les fous étaient plus furieux, et les idiots