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HOLBEIN.

trace ; puis, quand tout ce tableau fut effacé, le pauvre peintre reprit sa sérénité ; et, avec son charmant sourire :

— Vous et votre père, madame, dit-il à la jeune fille, vous vivrez encore longtemps.

Ils vivaient ainsi ensemble, le peintre et le roi, vieillissant ensemble, le roi traitant son peintre comme un ami devant lequel on n’a pas à rougir, le peintre plein de respect et d’amitié pour son maître ; et c’est là une chose extraordinaire : Holbein, si doux, si humain, si grand artiste, aimait Henri VIII ; il plaignait sa férocité, il pleurait sur ses crimes, mais il se sentait entraîné vers lui malgré lui-même. Ils vivaient donc ainsi sans se rien dire de ce qu’ils avaient sur le cœur. Seulement un jour, un jour d’hiver, comme ils se promenaient dans le parc, arrivés à un certain endroit où le Roi avait appris la mort de Catherine, le Roi et son peintre s’arrêtèrent tout d’un coup, et ils se regardèrent sans se parler.