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HOLBEIN.

patrie, seul, sans amis, sans parents, sans consolation, survivant à tous ses protecteurs, il attendit la peste, dont il sentait le souffle brûlant. Son agonie fut longue, il avait peine à mourir. En mourant il repassa en lui-même toute sa vie, il compta un à un ses jours de bonheur et ses jours de peine, et, tout bien compté, il jugea qu’Érasme lui avait rendu un mauvais service. En effet, qu’était-il venu chercher à Londres ? Une renommée qu’il eût trouvée partout, peut-être encore plus grande et plus illustre ; une fortune qu’il ne pouvait laisser à personne et qui ne le faisait pas mieux mourir. De combien de peines et de traverses sa vie avait été remuée ! à combien de funérailles il avait assisté en silence et dans l’ombre ! combien peu de ses modèles il pouvait retrouver vivants ! Et puis quelle triste histoire autour de lui ! quel triste ciel au-dessus de sa tête ! et puis toute sa vie suivre un roi et obéir aux moindres caprices de ses amours ; voir son portrait de la veille pas-