Page:Janin - Les Catacombes, tome 1, 1839.djvu/45

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
19
INTRODUCTION

Ce jour-là je vous dis que le Rhône était bien grondeur : il battait le pied de la maison, frappant déjà à la porte et demandant à haute voix à entrer. Moi, sur le point de partir, je me précipitai dans les bras de ma mère, qui était déjà malade de la maladie dont elle est morte, pauvre mère ! Elle me tendit ses bras avec des larmes et des sanglots, pauvre mère ! Ma mère était belle ; et partout à Condrieu, où elle était née, quand Condrieu était une ville animée et joyeuse, livrée aux doubles fêtes de la navigation et de la vendange, on la citait pour la fraîcheur de ses joues, la blancheur de ses mains et la beauté de ses bras. Je ne l’avais jamais vue pleurer que ce jour-là ; car c’était une femme heureuse naturellement, et d’un caractère élevé effort qui ne s’étonnait guère des petits malheurs qui s’élèvent dans tous les ménages. Ces larmes silencieuses, qui baignèrent mon visage tout à coup, me firent beaucoup pleurer quand je fus loin de sa vue ; mais