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INTRODUCTION

rougie par le froid ! Nous avons ainsi vécu au jour le jour, au hasard, sans vanité, sans privations et sans efforts.

Quand je dis sans vanité, j’ai raison : pendant quatre ans de mon bonheur je n’ai pas songé un instant à ce mot si vide, la gloire, et à ce mot plus vide, la renommée ; non pas, certes ! Quand je dis privations, j’ai raison : j’ai eu, il est vrai, des privations bien grandes ; mais je les ai surmontées si facilement que je ne m’en souviens qu’avec bonheur. Ma plus grande privation fut celle-ci : un chien. Depuis que j’étais au monde j’avais envie d’avoir un chien, comme deux époux qui s’aiment et qui sont sur le retour désirent un enfant héritier de leur nom et de leur fortune. En ce temps-là, heureux que j’étais ! je ne concevais pas de plus grand bonheur dans le monde que celui-ci : avoir un chien à soi, l’élever tout jeune, lui apprendre à marcher et presque à sentir, le voir grandir sous ses yeux, assister à ses premiers bonds, entendre