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INTRODUCTION.

dans son écurie la plus grande partie de son temps, occupé à voir pousser son poulain. Le poulain poussait très-bien, sur ma parole ! et il eût poussé encore mieux sans l’économie du docteur. Mais le docteur était avare même pour sa passion : il avait donc réduit son cheval et sa femme à la portion congrue ; le cheval ne mangeait jamais d’avoine et très-peu de foin, mais en revanche beaucoup de choux, de carottes, de pelures et d’herbages de tous genres, et de la paille quand il pouvait. Toutes les bonnes du quartier avaient pris le joli animal en grand amour : elles lui apportaient tout le reste de leurs épinards et de leur pot-au-feu ; dans les temps des melons surtout, c’était chez le docteur une affluence extraordinaire de mauvais melons, qui faisaient hennir de joie la petite jument. Je suis persuadé que plus d’un melon très-défectueux a été acheté souvent tout exprès pour donner occasion à Marie, ou à Élisabeth, ou à Rosalie, ces bonnes filles, un prétexte pour faire plus