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INTRODUCTION.

peu la comédie. Moi je l’aimais, je croîs, parce qu’on y faisait tout à la fois de la comédie et de la musique. Combien souvent, le dimanche, aux beaux temps de la seconde et dernière aurore de Martin, suis-je venu, dans cet étroit et infect passage Feydeau, attendre mon billet de parterre pendant cinq heures d’horloge, debout, à jeun, me disputant à outrance pour Mme Pradher contre Mme Rigaut, pour Martin contre Ponchard ! que de ravissantes extases j’ai éprouvées dans ce parterre quand, l’oreille tendue, l’âme tendue, j’écoutais ces beaux drames, ces belles comédies, cette musique divine, ces grands chanteurs ! Je ne crois pas que jamais un plus complet assemblage de médiocrités de toutes sortes, musique et poëme, acteurs et chanteurs, ait excité plus d’émotions et d’enthousiasme dans le cœur d’un jeune homme : j’étais ivre d’admiration, ivre de bonheur ; mon cœur soulevait ma poitrine oppressée… que faire ? que devenir ?… Heureux transports, où êtes-vous ? Le théâtre où se